Retour en images sur un colloque d'envergure : "Le rail de ville et le rail des champs" à Cerisy-la-salle
- Rails & histoire

- il y a 3 jours
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 12 heures

Le Château de Cerisy-la-Salle où se situe le Centre Culturel International de Cerisy. Toutes les photos de l'article ont été réalisées, sauf mention contraire, par Romain Sanchez (Rails & histoire).
Du 8 au 14 septembre dernier a eu lieu le colloque Le rail de ville et le rail des champs : attachement populaire, ambivalences contemporaines, urgence écologique au Centre Culturel International de Cerisy la Salle (CCIC).
Arrivée des participants en gare de Coutances puis au château de Cerisy.
Ce colloque s’est inscrit dans une longue tradition du Centre Culturel International de Cerisy, qui, depuis plusieurs décennies, consacre une part importante de ses activités à la mise en débat des grandes questions touchant à l’urbanisme et aux transports. Fidèle à cet esprit, cette rencontre a cherché à renouveler la réflexion collective sur le rail, envisagé non seulement comme mode de transport mais également comme fait de société.
Fidèle à la tradition, la première soirée a été dédiée à la présentation de Cerisy par Edith Heurgon, directrice du CCIC, ainsi qu'à celle du colloque par ses trois directeurs. De gauche à droite : Arnaud Passalacqua, Cécile Hochard, Edith Heurgon et Francis Beaucire.
L’approche retenue s’est distinguée par une orientation historique affirmée, permettant d’inscrire les débats dans la longue durée, depuis les origines du chemin de fer au XIXe siècle jusqu’aux enjeux contemporains liés à la transition écologique. Cette perspective a été enrichie par de nombreuses interventions venues d’autres disciplines - urbanisme, architecture, économie, ingénierie, politiques publiques et sciences politiques, sociologie, géographie - ainsi que par des témoignages d’acteurs de terrain : agents SNCF, élus locaux, associations, tous praticiens du transport ferroviaire.
Présentation du colloque et premières tables rondes autour de l'attachement populaire aux chemins de fer et de la passion du rail ! De gauche à droite : Cécile Hochard, Francis Beaucire et Arnaud Passalacqua, Francis Beaucire, Martine Bartolomeï et Nancy Girard, Francis Beaucire, Margaux Walck, Patricia Rochès et Yohann Milan.
Le colloque a pris comme point de départ l’attachement populaire dont jouit le rail sous toutes ses formes, du tramway au TGV, pour explorer ensuite les rationalités et imaginaires à l’œuvre dans les décisions politiques, dans un domaine porteur d'enjeux climatiques et plus largement écologiques. Ces multiples formes de liens ont été analysées non seulement à travers le prisme de nos réactions affectives envers les trains, mais aussi comme autant d'indicateurs d’une demande sociale pour des mobilités plus justes et plus durables.
Un colloque à Cerisy dépasse largement la simple succession d'interventions. Sa force réside dans la richesse de ses moments informels, durant lesquels les débats se prolongent et de nouvelles sociabilités se créent. Photo de gauche : exposition de Georges Ribeill sur la publicité ferroviaire. Photo de droite : le dîner dans la grande salle à manger du château !
Ainsi, les différentes formes de l’attachement aux chemins de fer ont été explorées, depuis les maquettes de trains miniatures jusqu'aux véritables trains touristiques (illustrés par un arpentage le long de la ligne du Train Touristique du Cotentin), et à travers le patrimoine bâti ainsi que la pratique du train comme alternative à l’automobile ou à l’avion, dans une perspective de sobriété écologique.
Lors de l'excursion hors-les-murs du mercredi 10 septembre, le groupe a participé à une session d'archéologie ferroviaire menée par Véronique Veston, à bord du train touristique du Cotentin, de Barneville–Carteret jusqu'à Portbail. Plusieurs conférences ont ensuite été données à Portbail par Paul Smith, Christian Chevandier, Philippe Ventéjol et Arthur Emile (carrousel de photos à faire défiler).
Après la journée buissonnière, les intervenants ont présenté, lors de plusieurs tables rondes, les différents visages du ferroviaire investissant certains territoires plutôt que d’autres et répondant parfois aux attentes de certains groupes sociaux de manière inégale.
Dans un pays marqué par des tensions entre les centres urbains, le périurbain, les bourgs et la campagne, mais aussi par les inégalités sociales croissantes, chacun s'est posé la question du rôle du train comme possible facteur de cohésion du pays. L'urgence écologique n'a pas été oubliée : elle a été étudiée à travers une comparaison du rail et des autres modes de transport, parfois complémentaires, parfois concurrents.
De gauche à droite : la table ronde "Entre tram-train, RER métropolitain et car express, l’invention d’un transport collectif périurbain passe-t-elle par le ferroviaire ?" avec Pierre Helwig, Marie Hue et Philippe Ventéjol ; la table ronde "Petites lignes et vitalité des espaces moins denses" avec Pierre-Henri Emangard, Margaux Walck et Noé Reynaud ; et l'intervention de Laurent Coudroy de Lille "La gare, lieu de mémoire".
De gauche à droite : "Gares et quartiers de gare", une table ronde animée par Cécile Hochard avec Alexandrina Striffling, Stéphanie Sauget et Adrien Duval ; l'intervention de Nathalie Roseau "Le ferroviaire, entre attachement et urgence écologique" et la table ronde animée par Etienne Faugier "L’innovation ne passerait-elle pas par un décloisonnement modal ?" avec Mariane Thébert, Laurent Eisenman et Mathieu Rabaud.
La suite des interventions a été consacrée aux discussions sur la diversité des composantes de ce système ferroviaire : gares, haltes, infrastructures à travers des points de vue architecturaux, urbanistiques et de design.
L'étude du transport de marchandises a rappelé que le rail, au-delà du transport de passagers, reste un élément clé de la logistique bas carbone encore sous-exploité en France.
La question du prix et des tarifs a également suscité de riches échanges sur l’accessibilité du train et sur le délicat équilibre à trouver entre son financement, son utilité sociale et les enjeux écologiques.
De gauche à droite : Anne Jarrigeon, Nils Le Bot, Pierre-Emmanuel Bécherand et Yo Kaminagai dans la table ronde "Design et mise en spectacle du rail urbain" ; Patricia Perennes et Philippe Poinsot pour l'intervention "Peut-on réconcilier les Françaises et les Français avec le train par le tarif ?" ; Pierre Zembri et Louis Baldasseroni pour l'intervention "Territorialisations du fret ferroviaire : potentialités économiques et nuisances écologiques"
Les ressorts des décisions politiques en matière ferroviaire ont également été explorés. Souvent formulées dans des discours d’attachement, ceux-ci apparaissent largement dominés par des mythes et autres prophéties, comme par exemple l’abandon progressif d’une petite ligne venant justifier sa fermeture quelques années plus tard. On peut s’interroger alors sur la manière dont les représentations du rail influencent les choix politiques, souvent en décalage avec les objectifs climatiques affichés.
De gauche à droite : "La ligne Epinal - Saint-Dié et le tunnel de Vanémont" par Luc Picot, "Le Grand Paris Express" par Arnaud Passalacqua et Vincent Tournié, "Regards croisés entre le XXIe siècle et le XIXe siècle sur le chemin de fer en Normandie" par Léa Haloupeau, et "Contrepoint - Un autre attachement mis au défi social et écologique : l'automobile" par Mathieu Flonneau.
La dimension sensible de l’attachement au rail a pu être approfondie au cours des soirées, en particulier à l'occasion d'un cabinet de curiosités ferroviaires. Chacun a partagé sa relation personnelle avec ce système de transport si singulier et solidement ancré dans notre mémoire collective à travers plusieurs objets symboliques apportés pour l'occasion à Cerisy.
De gauche à droite : Paul Smith explore (en musique !) la présence du train dans l'œuvre musicale de Bob Dylan ; Sylvère Aït Amour présente le film "On a volé un tram" (Luis Buñuel, 1953) ; le "Cabinet de curiosités ferroviaires".
Pour conclure le colloque, les doctorantes et doctorants (pour la plupart soutenus par Rails & histoire grâce aux bourses d'études universitaires) ont présenté leur rapport d'étonnement, mettant ainsi en lumière les moments phares et les thématiques clés de la semaine, ainsi que l'importance de la transmission intergénérationnelle des savoirs et des expériences.

Ce moment de partage a apporté une note intime et collective, rappelant combien le rail reste une clé de lecture et d’action indispensable pour penser la transition écologique, l’équilibre des territoires, l’innovation dans les mobilités de demain, en ville comme ailleurs, et combien le ferroviaire demeure un objet d'attachement populaire central dans nos modes de déplacement.
Rails & histoire remercie l'ensemble des équipes du Centre Culturel International de Cerisy, Edith Heurgon en tête, ainsi que tous les intervenants et auditeurs, sous la bienveillante vigie de Jean Lebrun (dit "Vigirail" !). Nos remerciements s'adressent également à toutes les personnes présentes pour l’énergie, la qualité et la profondeur des échanges tout au long des présentations et des tables rondes.
Panorama des échanges lors du colloque (images à faire défiler).
Ce colloque, préparé depuis plus d'un an par Rails & histoire, a été financé principalement par l'association, avec le soutien de P2M (Passé-Présent-Mobilité) et du Lab'Urba. La réussite de cet événement tient à la richesse collective de ces regards croisés.

Plusieurs vidéos (entretien avec les intervenants, synthèse du colloque...) seront prochainement mises en ligne, pour prolonger les réflexions engagées lors du colloque.
Nous communiquerons quand ces vidéos seront mises en ligne - restez à l'affût !















































































































