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1936 : Un fait divers tragique à l’Ecole d’apprentissage du Mans

Dernière mise à jour : 20 juil. 2023

Par Bruno Carrière


Décembre 1936. Vengeance ou folie ? Auguste Piron, directeur de l’Ecole d’apprentissage des Chemins de fer de l’Etat du Mans, est tué par un de ses anciens élèves.

Stèle élevée en 1937 en mémoire à Auguste Piron.

Les lecteurs du Centre des archives historiques de la SNCF qui ont pour habitude de fréquenter la « cantine » des ateliers du Mans ne manquent pas de s’interroger sur la présence, scellé à l’un des frontons d’un proche bâtiment en déshérence, d’une stèle rendant hommage au « directeur-fondateur » de l’ancien Centre d’apprentissage des lieux, Auguste Piron. L’occasion pour nous de partir sur les traces de celui qui a été l’une des figures marquantes de l’apprentissage des Chemins de fer de l’Etat.



Les faits


Ce 3 décembre au matin, dans le cadre de ses traditionnelles tournées, Raoul Dautry, directeur général du Réseau de l’Etat, fait étape au Mans. Il consacre une partie de son temps à s’entretenir avec Auguste Piron sur la pertinence de lui confier l’inspection générale des centres d’apprentissage du Réseau. Après avoir déjeuné ensemble, les deux hommes se séparent et Piron rejoint son bureau situé au sein même de l’atelier dédié aux apprentis. Occupé à annoter des cahiers tout en s’entretenant avec l’un de ses collègue, Georges Fanouillet, par ailleurs conseiller municipal, il est brutalement interrompu par l’entrée intempestive vers 13 h 45 d’un ancien élève, Roger Besnier.


Surpris mais nullement décontenancé par l’importun qu’il connaît très bien, Piron se lève et lui tend la main. Pour toute réponse, Besnier sort de sa poche un révolver. Conscient que la menace est bien réelle, Piron se précipite vers la porte ouvrant sur les ateliers. Besnier tire à deux reprises. Atteint au cœur et à l’aine, Piron s’effondre. Alerté par les cris de Fanouillet et les détonations, son bras droit, le contremaître Michelet, ne peut que constater la terrible réalité. Cependant, dans l’espoir d’une issue heureuse au drame et n’écoutant que son courage, il se saisit du corps pour le mettre à l’abri des agissements de Besnier. Après deux nouveaux tirs qui manquent de peu Michelet et un jeune apprenti, ce dernier retourne son arme contre lui et se tire une balle dans la tête. Témoins directs de la scène, les apprentis présents sur les lieux sont aussitôt évacués tandis que le docteur Neau, appelé à la hâte, ne peut que constater le décès de Piron. Dans le coma, Besnier est évacué vers l’hôpital du Mans dans un état jugé désespéré.


Immédiatement averti, Hébert, ingénieur en chef adjoint au service de la Traction, prévient la police et le parquet. Averti du drame, alors qu’il se trouve au Theil, dans l’Orne, Dautry, regagne Le Mans au plus vite. Accompagné de MM. Dherse et Laborde, chefs d’arrondissement, il se recueille longuement devant le corps de la victime qu’il tenait en très haute estime, ne pouvant retenir ses larmes. Le soir, les maîtres de l’école d’apprentissage et les élèves se réunissent en une veillée funèbre en hommage à celui qui s’était donné tout entier à eux.



Le meurtrier


« Vous verrez qu’il finira par me tuer ! » aurait confié Piron à Michelet. Constat prémonitoire. De fait, les premiers éléments de l’enquête révèlent la réalité de plusieurs lettres de menaces adressées en ce sens à Piron par Besnier. Leur lecture laisse apparaître la détermination du meurtrier et la préméditation de son geste par l’acquisition, dès le 25 novembre, auprès d’un armurier de Ballon, commune limitrophe du Mans, d’un pistolet automatique d’un calibre de 6,35 mm.


Qui est Besnier ? Né en 1910, il est le fils unique d’un Manceau, agent des Chemins de fer de l’Etat, en retraite au moment du drame. A l’exemple de son père, il entre au Réseau en 1929, au terme de ses trois années d’apprentissage prodiguées au Mans et de son année de service militaire. Major de sa promotion, il est versé au dépôt de Laval en tant qu’ajusteur. Ses difficultés d’intégration et ses absences répétées pour maladie conduisent cependant le Réseau à envisager sa révocation. Prenant les devants, Besnier offre alors sa démission. Sollicité par sa mère, Piron se permet d’intervenir en sa faveur auprès de Dautry, à qui il adresse la lettre suivante :


« Monsieur le Directeur Général,


J’ai l’honneur de solliciter de votre bonté une mesure exceptionnelle de bienveillance en faveur de l’un de mes anciens apprentis dont la mère éplorée est venue me trouver, ne sachant plus à qui confier son immense chagrin.


L’ajusteur Besnier (Roger) du dépôt de Laval fut le major de sa promotion pendant les trois années d’apprentissage qu’il accomplit à l’Ecole du Mans, de 1925 à 1928.

Très travailleur, adroit, intelligent, il avait le défaut d’être taciturne[1].


A cette époque, nous faisions bien tous les jours un quart d’heure de [gymnastique] suédoise, en bleu de travail, mais nous ignorions les bienfaits de la méthode Hébert et nous ne pratiquions aucun jeu d’équipe.


De ce fait, Besnier est sorti de l’école bien noté, mais aussi silencieux qu’il y était entré et son état s’est aggravé au point de le faire considérer comme un maniaque de la persécution. Il s’imagine qu’on le regarde toujours et cette obsession, pour laquelle il a déjà été traité, l’a poussé à donner sa démission du Réseau, malgré le désespoir de ses pauvres parents, dans le but de partir au loin.


Le père est un retraité, cloué au lit par les douleurs. De suite, je me suis informé auprès du contremaître principal au dépôt de Laval sur la manière habituelle de servir de Besnier, qu’il eut autrefois à diriger en sa qualité d’instructeur. Les bons renseignements qu’il m’a communiqués m’ont permis d’oser vous demander s’il ne serait pas possible de surseoir à l’acceptation de cette démission et de la transformer en congé de longue durée pour raisons de santé (sans solde bien entendu).


Cette mesure ramènerait une lueur d’espoir au sein de cette famille et permettrait peut-être qu’un jour un être digne d’intérêt, mais agacé, puisse retrouver la place où, normalement, il eût à briller.


D’autre part, je me permets de solliciter un emploi de mécanicien sur un bateau où Besnier serait susceptible de trouver le grand changement qui, peut-être, lui ferait découvrir la beauté de la vie de cheminot qu’il ne lui a pas été donné d’apprécier, par tempérament, jusqu’ici, et qu’il pourrait reprendre un jour avec joie.


Dans l’espoir que cette demande puisse être prise en considération, veuillez agréer, Monsieur le Directeur Général, les sentiments respectueux de votre bien dévoué. »



Dautry accède à sa demande et prononce la mise en disponibilité de Besnier le 21 octobre 1935. De son côté, Piron essaie en vain de le faire entrer à la Compagnie générale transatlantique qui décline sa candidature pour raisons médicales.


De fait, son père relèvera que, atteint « d’anémie cérébrale » son fils souffrait de neurasthénie depuis quatre ans. Une information confirmée par Le Petit Méridional du 4 décembre 1936 : « Neurasthénique, atteint de la folie de la persécution, il avait été interné aux environs de Paris. » Ceci explique que loin d’être reconnaissant à Piron de ses démarches en sa faveur, Besnier ai été conduit, au contraire, à rendre son ancien maître responsable de ses malheurs en faisant obstacle à sa réintégration au sein des Chemins de fer de l’Etat. D’ailleurs, très vite, tout le monde s’accorde à imputer son geste à un coup de folie. Miraculeusement sauvé de la mort, avec pour seule séquelle de rester « à demi aveugle », il est examiné par le docteur Christy, expert aliéniste commis par le juge d’instruction chargé de l’affaire. Celui-ci dépose le 23 janvier 1937 un rapport qui conclut à son irresponsabilité totale et prononce son internement.



La victime


Auguste Piron

Né à Sablé-sur-Sarthe le 9 février 1887, Auguste Piron entre au Réseau de l’Etat le 7 novembre 1910 en qualité de « nettoyeur » à l’essai au dépôt de Paris-Vaugirard. Ses qualités font qu’il s’élève rapidement dans la hiérarchie. Muté au Mans en tant qu’ajusteur, il y effectue l’ensemble de sa carrière, promu successivement sous-chef de brigade, chef de brigade, contremaître, contremaître adjoint, contremaître, contremaître principal, sous-inspecteur et inspecteur[2]. Avec pour point d’orgue sa désignation en 1919 à la tête de l’Ecole d’apprentissage du Mans, dont il participe à la création.


Une progression d’autant plus méritée que Piron est un autodidacte. Evoquant sa nomination à la tête de l’Ecole, son supérieur direct d’alors, interrogé au lendemain du drame, s’en fait l’écho : « Piron n’avait à cette époque qu’une instruction primaire et il ne l’avait pas beaucoup améliorée depuis sa sortie de classe ; il se mit alors à l’école avec les apprentis. Il faisait les mêmes devoirs qu’eux, les mêmes dessins et quand ces derniers n’étaient pas satisfaisants, je les lui faisais recommencer comme aux élèves. Il consolait ces derniers quand j’avais été un peu sévère en leur montrant que lui non plus n’avait pas été épargné. » Propos confirmé par Dautry lors de ses obsèques en 1936, rappelant qu’en 1920, soit à l’âge de 33 ans, sa soif de connaissance était toujours si intacte qu’il s’asseyait « sur les mêmes bancs que ces apprentis pour apprendre, avec eux, la géométrie et le dessin industriel, en allant, le soir, se perfectionner en français chez un instituteur » (L’Etat, notre réseau, janvier 1937). Plus tard encore, il suit par correspondance les cours de l'Ecole spéciale [3] des Travaux publics, puis, lorsque le Réseau fonde les cours du second degré pour les apprentis aptes à recevoir cet enseignement, il se soumet à leurs exercices et demande à se faire interroger lors des passages périodiques de l'examinateur.


Chacun reconnaît à Piron son implication auprès des apprentis. Dans son allocution prononcée lors de ses obsèques, Bertrand, Ingénieur en chef au Service du Matériel, parlant au nom du Comité d’apprentissage du Réseau, en témoigne : « Nous le voyons encore à son école, actif, allant d’un élève à l’autre, s’arrêtant près d’un apprenti, une main sur la pièce ou sur l’outil, l’autre main sur l’épaule de l’enfant, ses yeux si vifs vérifiant le travail puis les mêmes yeux – les yeux si bons – vérifiant ensuite l’élève. Quelques mots rapides, une recommandation technique et presque toujours, aussitôt après, un conseil de père. Piron a été un éducateur prestigieux. Aux apprentis, il avait su apprendre à bien travailler avec discipline. Aux élèves sortant de nos grandes écoles, il a su apprendre de même à bien commander et à commander en donnant l’exemple » (L’Etat notre réseau, janvier 1937).


Sévère lorsqu’il le faut avec « ses petits gars », comme il disait, il l’est tout autant pour lui-même, n’imposant rien qu’il ne sache faire. Toujours donner l’exemple, un maître mot pour lui. On le retrouve notamment torse nu, tous les matins, sur le plateau d’éducation physique, inculquant aux élèves la pratique de la méthode Hébert et, aux beaux jours, en tenue de bain, participant à leur apprentissage de la natation. Cette proximité fait qu’il joue souvent le rôle discret de confident [4]. Et l’attention qu’il porte à ce que chacun d’eux puisse donner le meilleur de lui-même en fonction de ses capacités, sans nécessairement à rechercher à mettre en avant « le fort en maths », a conduit l’Ecole à toujours avoir eu, sous sa direction, le plus fort pourcentage d’élèves reçus au certificat d’aptitudes professionnelles.


Piron, c’est aussi, outre le plateau d’éducation physique, le terrain de basket, le court de tennis, le jeu de boules, le cercle des apprentis et des mineurs-ouvriers avec sa bibliothèque et son poste de TSF, la fondation du groupe touristique, la création d’une section de vol à voile et la construction d’un planeur par ses apprentis, le cours de solfège et de musique, et beaucoup d’autres choses encore. Son inlassable activité dépasse le cadre de son école : chacun pouvait témoigner de sa maîtrise, l’été venu, à encadrer les vagues des apprentis qui se succédaient à la Meilleraie (Vendée), la colonie de vacances phare des Chemins de fer de l’Etat.

L'éducateur


Piron, gymnaste.

Comme cité, Piron attache une grande importance à l’activité physique. Rien d’étonnant donc à ce qu’il soit devenu un farouche partisan de la nouvelle « méthode naturelle » introduite dans les écoles d’apprentissage du Réseau en 1931. Développée par l’officier de marine Georges Hébert, elle oppose à la gymnastique suédoise statique, jusqu’alors pratiquée, le recours à des exercices sollicitant la course, le saut, le grimper, le lancer d’objets, si possible dans un environnement naturel, l’association de chacune de ces disciplines donnant lieu à des chorégraphies millimétrées. Aussi, lorsqu’il est décidé en 1932 de faire précéder les traditionnelles expositions de travaux d’apprentis – tenues dans les différents centres d’apprentissage en mars et en septembre de chaque année – d’une leçon d’éducation physique d’après la méthode Hébert, c’est à Piron que l’on s’adresse pour ouvrir le bal. La première leçon est donnée au Mans le 28 février en présence des « instructeurs-chefs » de l’ensemble des centres d’apprentissage : « Il était utile que l’expérience acquise en la matière par son actif chef d’école, M. Piron, profitât à tous ses collègues » (L’Etat notre réseau, mai 1932). La méthode Hébert donne lieu en 1934 à une compétition entre les grands centres d’apprentissage.La rencontre se tient le 3 juin sur le stade de Bécon-les-Bruyères à l’occasion de la fête des apprentis de l’Ecole de La Folie. Elle est remportée par… l’Ecole du Mans (L’Etat, notre réseau, juillet 1934).

Une autre priorité de Piron est de veiller à ce que tous ses élèves apprennent à nager. Depuis 1921, la Fédération française de natation et de sauvetage menait une propagande active dans toutes les écoles de France. Elle délivrait des brevets aux jeunes de moins de 15 ans accomplissant 25 m départ plongé et mettait en jeu chaque année une coupe (Challenge Demey) récompensant l’établissement ayant eu la plus grande proportion d’élèves détenteurs dudit brevet. Les écoles d’apprentissage du Réseau affichent 181 brevets en septembre 1931, 210 en septembre 1932 (sur un effectif d’environ 600 apprentis). Cette année-là, l’Ecole du Mans se distingue, 64 des 65 apprentis présentés à l’épreuve ayant été reçus. Performance qui lui permet d’occuper la seconde place du palmarès national, devançant notamment l’Ecole des apprentis de l’Arsenal de Brest, première en 1931 (L’Etat, notre réseau, mars 1933).


Auguste Piron avec ses décorations

Piron est élevé au rang d’officier d’Académie [actuelles Palmes académiques] en 1927 et à celui de chevalier de la Légion d’honneur en 1932, en récompense des services éminents rendus aux œuvres sociales du réseau de l’Etat [5].La décoration lui est solennellement remise le 16 octobre, dans le cadre de la réunion de fin de promotion de l’Ecole d’apprentissage de La Folie, par Edmond Labbé, directeur général de l’Enseignement technique, accompagné de Raoul Dautry. Revenant sur la cérémonie, L’Etat, notre Réseau du mois de décembre 1932 met en lumière « le sympathique directeur de l’Ecole du Mans, que nous n’avons pas besoin de présenter aux cheminots, car il est connu de tous », et précise que « l’attribution de cette haute distinction, décernée à l’un de nos plus anciens instructeurs d’apprentis, qui a si brillamment réussi dans sa tâche, fut saluée par d’unanimes applaudissements. » Présent, Dautry souligne de son côté que cette croix « qui récompense un mérite exceptionnel est destinée à honorer aussi tous les instructeurs, ses camarades ».

Dautry ne cache pas l’estime qu’il porte à Piron en le louant publiquement à plusieurs reprises. Ainsi, lors du discours qu’il prononce au Mans le 22 septembre 1935 à l’occasion de l’inauguration du stade cheminot du Maroc, dont Piron a été l’un des instigateurs, mettant en exergue les bienfaits de l’apprentissage, il conclut : « Je ne peux pas dire merci au membres de Comité d’apprentissage et du Comité des Cités, ni à tous les nombreux instructeurs et moniteurs qui donnent à cœur joie leur savoir et leur patience, mais j’en veux remercier un au nom de tous ; c’est Piron, parce qu’il personnifie vraiment le dévouement sans bornes, l’ardeur et la foi dans sa cause. » (L’Etat, notre réseau, novembre 1935).



Le souvenir


Les obsèques d’Auguste Piron se tiennent au Mans le 7 décembre 1936. Outre plusieurs personnalités marquantes, sont présentes des délégations venues de différents points du Réseau de l’Etat, mais aussi des réseaux du Nord et d’Alsace-Lorraine qui avaient fait appel à maintes reprises à son expertise. Pendant les discours [6], l’Aéro-Club de la Sarthe fait s’envoler du terrain voisin un avion qui survole le cimetière et laisse tomber des fleurs en signe d’adieu à celui qui fut l’un de ses vice-présidents. Parmi les intervenants, Dautry, bien sûr, qui, laissant aux autres le soin de rappeler la carrière, les qualités professionnelles et les vertus de son ami, tient seulement à « faire entendre en quelques mots aux Jeunes qu’aimait ce Cheminot magnifique les trois leçons exemplaires, de confiance, d’énergie et de courage que sa vie a donné » (L’Etat, notre réseau, janvier 1937).

Ordre général n°643

Ce même jour, par Ordre général n° 643, Dautry décrète que l’Ecole d’apprentissage du Mans portera désormais le nom de « Centre d’apprentissage Auguste Piron » et prescrit que cette dénomination soit employée dans tous les documents.


Le 3 mai 1937, sur l’invitation de l’Amicale des anciens apprentis, une stèle portant un bas-relief de l’énergique figure d’Auguste Piron est inauguré en présence de Dautry, de Jean Levy, chef du Service du Matériel et de la Traction, et des apprentis. La cérémonie est présidée par l’ancien bras droit de Piron, M. Michelet, nouvellement nommé à la tête du Centre d’apprentissage. Au terme de l’hommage, les apprentis exécutent une séance d’éducation physique, qui se termine par le chant d’un chœur « La Voix des Chênes » qu’aimait particulièrement Piron.

L’inscription sur le bas-relief est la suivante :


A la mémoire

De Auguste Piron

Chevalier de la Légion d’Honneur

Officier d’Académie

Inspecteur

Aux Chemins de fer de l’Etat

Directeur-fondateur

De l’Ecole d’Apprentissage du Mans

1919-1936

Sa vie faite de travail et de bonté

Fut un exemple de dévouement

Jeunes gens en agissant comme lui

Vous deviendrez des hommes accomplis


Par ailleurs, son nom sera donné à une rue du Mans.


Pour commémorer son souvenir, trois challenges portant son nom sont mis en compétition en mai 1938 au stade du Maroc, opposant des sélections issues des centres d’apprentissage de Paris, de Trappes, de Sotteville, de Niort, de Saintes, de La Rochelle, de Rennes et du Mans. Vainqueurs au football et en athlétisme, les locaux s’inclinent en demi-finale de basket.



Le fils


Robert Piron polytechnicien

Dans son numéro de décembre 1937, L’Etat, notre Réseau présente la photographie de Robert Piron (né le 29 avril 1916 au Mans - décédé le 28 mai 2004 à Neuilly-sur-Seine), fils d’Auguste Piron. Il annonce son admission à l’Ecole polytechnique, en mettant l’accent sur le rôle joué par son père dans cette réussite : « Il y a un an, il sortait de l’Ecole des arts et métiers de Lille, 3ème de sa promotion. Son père, cet optimiste, persuadé que tout est possible à qui sait et veut travailler, sûr de l’ardeur au travail de l’enfant qu’il avait formé, décide alors de lui faire préparer le concours d’entrée à l’Ecole polytechnique, quoiqu’il n’eût qu’une année de délai avant d’atteindre la limite d’âge. Robert Piron se mit au travail et malgré l’épreuve douloureuse qu’il traversa, il fut reçu simultanément aux concours de l’Ecole polytechnique et de l’Ecole nationale des mines de Paris. » Cette réussite étonnante, Jean-Claude Lévy, condisciple et beau-frère du disparu, s’en fait également l’écho dans la notice nécrologique qu’il lui consacre dans la revue de l’Association des anciens élèves et diplômés de l’École polytechnique : « Robert est un des rares ingénieurs qui ont été élèves des Arts et Métiers puis de l’Ecole polytechnique […]. Poussé par la limite d’âge, n’étant même pas bachelier, il lui avait fallu préparer son concours d’entrée en une seule année » (La Jaune & la Rouge, n° 597, septembre 2004).


Sorti dans le corps des ingénieurs du Génie maritime, Robert Piron effectua l’ensemble de sa carrière dans la grande industrie métallurgique, engagé au lendemain de la guerre par la Société lorraine de laminage continu (Sollac), dont il devint l’un des directeurs. Son œuvre maîtresse a été la construction des grands laminoirs de Thionville.


 

Notes et références

[1] Le grade d’inspecteur lui est conféré le 1er octobre 1934, bien qu’il soit, suivant l’expression employée pour l’occasion par Dautry, « un homme hors de toute classe ».

[2] « C’était un élève moyen, nous dit M. Michelet, adjoint au directeur, un peu cabochard. M. Piron put en faire un bon ouvrier à force de patience et de délicatesse » (L’Ouest-Eclair, 4 décembre 1936).


[3] Ecole spéciale des Travaux publics, du Bâtiment et de l’Industrie fondée en 1891 par Léon Eyrolles, reconnue par l’Etat en 1921.


[4] Piron s’occupe aussi de placer dans des familles mancelles de cheminots les apprentis qui n’habitaient pas la région (L’Etat, notre réseau, mai 1934).


[5] Récompense décernée au titre de l’Enseignement technique (sous-secrétariat d’Etat créé en 1920 et rattaché au ministère de l’Instruction publique).


[6] Ont notamment pris la parole : Bertrand, ingénieur en chef du Service du Matériel, parlant au nom du Comité d’apprentissage du Réseau de l’Etat ; Jouet, directeur de l’Ecole pratique, qui intervient au nom d’Edmond Labbé, commissaire général de l’Exposition internationale de 1937 et conseiller du Comité d’apprentissage du Réseau de l’Etat ; Raoul Dautry.

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