Cette fin de premier semestre 2021 a été marquée par l’organisation de deux événements scientifiques d’importance : la journée d’études « Hittorff et la gare du Nord » et le colloque « Chemins de fer, tramways et métros : deux siècles de cabines de conduite ». En raison des conditions sanitaires actuelles, ces journées ont été réalisées sous la forme de webinaires, ce qui a permis de réunir au total près de 200 participants.
Jacques-Ignace Hittorff, un architecte européen à la gare du Nord
Le 27 mai dernier, Rails & histoire et le CILAC (Comité d’information et de liaison pour l'archéologie, l’étude et la mise en valeur du patrimoine industriel) ont co-organisé, dans le cadre de l’axe de recherche « Gares et urbanisation métropolitaine », une journée internationale consacrée à l’architecte Jacques-Ignace Hittorff sous l’angle de son rapport et de ses apports au bâtiment de la gare du Nord, à Paris, qui fait actuellement l’objet d’un projet de transformations d’envergure. Le programme, établi par Karen Bowie et Paul Smith, qui ont introduit cette journée en compagnie de Florence Hachez-Leroy, présidente du CILAC, a abordé des thématiques en lien avec l’œuvre d’Hittorff, telles que la polychromie retrouvée par Michael Kiene dans les dessins de l’architecte, dont il reste quelques traces infimes gare du Nord, ou encore l’inscription du bâtiment dans une vision d’un nouveau Paris, développée par David Van Zanten. De son côté, Matteo Porrino a évoqué Bélanger, le maître d’Hittorff et le bâtiment de la Halle aux grains. Le second axe a été consacré aux études sur la gare du Nord proprement dite, avec Simon Texier qui a proposé quelques réflexions sur le bâtiment en tant que patrimoine parisien, Mark Watson a retracé l’apport des fonderies écossaises dans la construction des piliers de la gare. Jean-François Belhoste a, pour sa part, dressé un tableau des fermes Polonceau des grandes gares parisiennes. Enfin, Guy Lambert a proposé une synthèse de cette riche journée dont la captation vidéo sera disponible à l’automne prochain.
Chemins de fer, tramways et métros : deux siècles de cabines de conduite. Évolutions et variations du Système Homme-Machine, un enjeu sociotechnique tardivement reconnu
Les 9, 10 et 11 juin, trois matinées ont été consacrées à la cabine de conduite, que ce soit celle des trains, des tramways ou encore des métros. Ce colloque en ligne marque une nouvelle étape des travaux menés dans le cadre de l’axe de recherche « Histoire de la cabine de conduite », dirigé par Georges Ribeill. Les communications se sont intéressées aux différents modes de transports, Georges Ribeill et Jean-Noël Cotte étudiant la traction vapeur, respectivement au XIXe siècle et des années 1930 à 1950. Jérôme Gallaud a ensuite dressé un panorama de la commande de frein continu de 1870 à nos jours. Ce sont les documents indispensables à l’agent de conduite et leurs évolutions auxquels Bertrand Nicolle et Benoît Hardy ont consacré leur communication : règlements, instructions, documentation technique.
Florian Caquineau a dressé un tableau de la conduite à bord des tramways parisiens au début du XXe siècle et Philippe Ventéjol est revenu sur la réintroduction de ce mode de transport à Paris au début des années 1990. La cabine du tramway a également été l’objet d’étude de Robin Foot et en particulier le manipulateur avec les contraintes qu’il impose au machiniste.
Le métro a ensuite fait l’objet de la communication de Sacha Voilqué qui a dressé un large tableau de la cabine, rudimentaire au début de l’exploitation de ce mode de transport, jusqu’au poste de conduite ergonomique d’aujourd’hui et même sa disparition avec l’automatisation. Pour sa part, François Chantereau a étudié l’évolution de la commande traction/freinage dans le métro parisien.
Ce sont des témoignages d’acteurs qui ont occupé la troisième matinée de ce riche colloque : Pierre Vignes a retracé les études menées à la SNCF pour améliorer, en particulier, le confort de l’agent de conduite en cabine dans les années 1990. Daniel Brun, pour sa part, a partagé ses immenses connaissances sur la cabine de l’Eurostar qu’il a fallu concevoir pour circuler sur trois réseaux ferroviaires différents : belge, français et britannique. Enfin, Philippe Hérissé a fait bénéficier l’auditoire de son expérience, à la fois d’ingénieur, de cadre supérieur SNCF et de journaliste, pour évoquer la relation entre l’environnement technique et l’évolution des cabines.
Les enregistrements vidéo des trois séances de cette rencontre pourront être consultés sur le site de Rails & histoire à l’automne. Les actes de ce colloque seront publiés à la fin de l’année 2021 et les discussions se poursuivront, début 2022, dans le cadre d’une table ronde qui, nous l’espérons, accueillera en particulier des représentants des constructeurs.
Le prochain événement scientifique d’envergure se déroulera à Lyon, les 1er et 2 décembre prochains : le colloque consacré au thème du train et de l’écologie dont le programme sera disponible prochainement.
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